Schwab, Aoulhet et compagnie

Sortie du 26 et 27 décembre...

Jean Claude m'avait informé que Bubu, Lataps et Alain Bressan devaient faire une pointe au Quéou ce jour là... Et si nous allions leur faire une petite surprise ?
Jean Claude toujours partant, Bruce avide de découvrir une nouvelle zone d'exploration se joignent à moi.
Bon on ne monte pas que pour faire un petit réveillon "avant l'heure" et pour passer une nuit dans le refuge de l'Aülhet avec les copains... L'alibi est de visiter le Schwab qu'ils ne connaissent pas mais surtout de récupérer un beau flacon de bordeaux qui hiberne depuis deux ans dans la bauge à ours !
La montée est toujours aussi longue, le poids de nos sac à dos n'améliore pas les chronos, nous mettrons 2 heures pour atteindre l'objectif.
Avant de visiter le Schwab, nous passons devant la désob du Cachemela. Un beau galet d'ophite décimétrique sorti des gravats prouve que ce galet a été roulé par de l'eau, plutôt par un glacier avant de s'enfouir dans une des nombreuses pertes, aujourd'hui fossile, que nous avons découvert.
80 m au dessus du chemin de la Gargante que l'on vient de quitter, au bord de la ravine de la Hount Débat, près d'une belle dalle de calcaire blanc, une petite pupille noire attire l'attention de l'amateur de cavernes... C'est le Schwab... Passé le goulet nous tombons dans la salle spacieuse de la bauge à Ours qui semble à peine être quittée par son occupant ! Puis la cavité suit un pendage à 30° en inter-strate. Le travail de l'eau est remarquable. Les galets d'ophite provenant du Larbastan ont des tailles décimétriques, il y en a même un qui fantomise (se désagrège), preuve de l'ancienneté du dépôt. Les vagues d'érosions ont taraudées une galerie dont on peu compter 4 phases de creusement. Il y a même la trace d'une coulée stalagmitique, épaisse de 5 cm qui a été attaquée par une nouvelle phase de fonte du glacier... Un spéléothème intéressant à dater pour connaitre l'âge de la caverne.

On descend rapidement en désescalade dans l’inter-strate, vers - 20 m dans un éboulis de blocs de l’inter-strate, des varves glaciaires et des galets centimétriques ont été piégés. Il y a du calcaire de l'ophite et peut être des grès... Encore un spéléothème à étudier. Attiré par l'aval et le ruisselet qui nous guide, on atteint une zone horizontale concrétionnée.. à -38 m, la fin de la cavité est proche elle est marquée par un bouchon d'alluvions où se perd l'eau, sans courant d'air pour nous inciter à creuser... A noter des galets roulés coincés dans une concrétion. Preuve que la galerie s'est complètement colmatée avant de se ré ouvrir lors de la dernière phase de fonte..
On note comme au Quéou qu'après une zone suivant le pendage ce dernier devient presque horizontal (3 à 5° de pente) et comme dans le Quéou cela annonce la fin de la voie pénétrable à l'homme... A ceci près que le Schwab s'ouvre à 1000m donc le pendage s'infléchit à 965 m et pour le Quéou, situé plus au Sud (environ à 200/250m) l'infléchissement se produit à 825m d'altitude... Enfin, nous avons plus haut dans le ravin de la Hount Debat une perte qui pourrait bien être l'eau de l'affluent de - 455m, dans lequel circule un bon courant d'air remontant...
Lors de la remontée, nous suivons la strate principale ce qui donne une superbe galerie, elle nous mène à +26.5m sous des blocs. On doit s'être décalés vers l'amont du ravin, où une autre entrée est à découvrir.
A noter, le comptage de 18 petits rhinos, 2 grands rhinos et 4 murins ? (en tout cas pas de minioptère) car très esseulés dans des fissures... 
Nous remontons le ravin et prospectons au cas où...  Jean Claude qui a le flair trouve... Des trompettes de la Mort !
Nous en ramasseront plus d'un kilo, assez pour améliorer l'ordinaire.
Arrivés à la cabane on surprend les copains qui ne s'y attendaient pas !
Tout le monde s'affaire à la cuisine, le Bigourdan ronfle (Bubu aussi, mais ce sera plus tard !)...  Sergio nettoie les champignons... Jean Claude fait mijoter une daube de sanglier aux 5 champignons du massif (cèpes, morilles, trompettes, mousserons et giroles). Plus tard les 6 convives sont attablés.
Pâté de thon et saucisse sèche en guise d'apéro. Saumon fumé d'écosse - Nid de Taggliatelle et son coulis en daube avec duo de boudin blanc forestier et saucisse Bigourdane sur litière des morts. En vins madiran 2005 et château Canon Fronsac 2006 élevé en grotte ! Trou bigourdan à "l'Henriette", Buche maison au chocolat, galette des rois et tarte aux pommes, fromage du pays, café et re-Henriette...
Autant dire que les sonneurs et ronfleurs de tous poils auront eu raison des tympans "étrangers". Va t'en savoir pourquoi Bruce avait une sale tête au réveil ?...
D'autres aussi mais pas pour les mêmes raisons...
Tandis que les valeureux explorateurs étaient partis à l’assaut de l'inconnu, le trio restant  est allé prospecter dans le secteur du Quéou. Nous y relèverons 19 petits rhinolophes. Puis la prospect autour du Pic du Larbastan qui est un monolithe d'ophite (dyke) ne donnera rien de plus que les trous déjà repérés par notre JC National.
Lors de la descente dans l'après midi nous surprendrons 2 vautours, des grives et une bécasse. Puis dans le bois de Pla Debers un superbe Isard nous narguera à distance... Facile de faire des bonds de 4 m quand on n'a pas de sac à dos !


Alain Dole

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